C’est la lecture de « Vivre avec la terre » du Bec Hellouin qui a provoqué un déclic chez cet assistant social de 35 ans Quelques lectures plus tard et 2 saisons chez des maraîchers, le choix est confirmé Florent choisit la voie du maraichage sur sol vivant et en circuit court. Il se forme au métier de responsable d’entreprise agricole au CFPPA du Haut-Haut en 2022.
Il a accepté de nous parler de son parcours et de son métier de responsable de culture au domaine d’Ollwiller.
La formation du BPREA m'a permis d'acquérir des connaissances théoriques, mais l'essentiel pour moi a été la richesse des échanges avec les maraîchers et l'expérience de terrain. J'ai eu la chance d'effectuer un stage de dix semaines chez Thiébaud Schaffhauser à Munster, qui pratique le maraîchage sur sol vivant. L’équipe du CFPPA a su transmettre sa passion et maintenir la motivation du groupe de futurs responsable d’entreprise que nous formions. Les statistiques montrent qu'une personne sur trois seulement parvient à s'installer, ce qui peut effrayer, mais j'ai décidé que je ferais partie de ceux qui réussissent.
Ma vision du maraîchage diffère quelque peu des approches classiques. J'apprécie les cultures « fantaisistes » et cela m'a permis de trouver un domaine en recherche d'un profil atypique. Cette originalité m'a ouvert la voie pour devenir chef de culture dans ce vaste domaine.
Le domaine d’Ollwiller est, à l’origine, un domaine viticole de 30 hectares, qui remonte à 1190, ce qui en fait le deuxième plus ancien domaine recensé en France. En 2020, la famille Mack, également propriétaire d’Europa-Park, a acquis le domaine, restauré le château. Ils ont pris le parti de se tourner vers l'agriculture biologique et locale, en investissant dans des espaces de maraîchage bio et en ouvrant un restaurant sur le site. Les jardins sont inspirés par Jean-Martin Fortier, expert reconnu en agriculture bio-intensive.
Les jardins mesurent 30 mètres par 10, et les serres 50 mètres par 10. En tout, ce sont 15 jardins et 3 parcelles équipées de serres, dont la production est destinée dans un premier temps au restaurant Amitié puis dans un second temps aux restaurants d’Europa Park. Face à la demande, une serre a été ajoutée en cours de projet pour produire les légumes destinés au restaurant du domaine d’Ollwiller. Europa-Park s’engage à utiliser les produits de l’exploitation, qu’ils soient classiques comme les carottes ou plus inhabituels comme les salsifies ou les ocas du Pérou. Lorsque certains produits ne sont pas valorisés par le parc, des alternatives sont envisagées, comme la transformation du pourpier en pesto, qui a connu un certain succès et sera commercialisé dès l’an prochain. Le plan de culture est élaboré en fonction des besoins des restaurants et des possibilités de production. Plusieurs projets sont en cours, notamment une pépinière, une forêt comestible et une plantation de petits fruits.
Bien que mon projet d'installation soit toujours d'actualité, J’occupe aujourd'hui un poste unique, offrant de nombreuses possibilités. Travailler avec la famille Mack est très gratifiant. Ils me surnomment même « Monsieur légumes ». Récemment, ils ont tourné une mini-série sur des plats du monde, et certaines scènes ont été filmées dans nos serres, une expérience que je n'aurais pu vivre ailleurs.
Ce qui m'anime, c'est la fascinante complexité de ce qui se passe sous nos pieds, un monde que l'on commence à peine à découvrir. Pendant longtemps, on s’est concentré sur la chimie. Aujourd'hui, nous commençons tout juste à explorer les mycorhizes et les interactions qui en découlent. Le domaine est encore largement inexploré et, pour moi, c’est une découverte passionnante. Je recommande le Bec Hellouin, malgré les critiques de certains sur leur aspect « folklorique ». Ils partagent les difficultés qu’ils ont rencontrées, mais ils ont su éveiller quelque chose en moi, et je ne l’ai jamais regretté.
Mon conseil à quelqu'un qui envisage un BP REA : faire preuve de persévérance.